Jadis, en Provence, un mortier se transmettait de génération en génération. Mustapha Messaoudi médite cette leçon de partage. Enfant de Bourgogne, il apprend la taille dans le Var, restaure abbaye, pont romain et fontaines. Son premier mortier naît d’une pierre de garrigue, enfant sauvage sculpté de ses mains. Depuis, il interroge les anciens, arpente collines et carrières abandonnées et achète le buis dense dont Patrice Chambrier, tourneur sur bois à Entrecasteaux, fera des pilons dorés. «Je sors quand il pleut, l’eau «brosse » la pierre. Je la fais chanter mais si le cœur est brisé elle chantera faux ! Un jour, une jeune aveugle est entrée dans mon atelier et a étreint chaque mortier. Elle a choisi le sien en silence. Cet acte d’amour m’a ému aux larmes ! »