Eric Roux : « Les cuisines populaires sont celles qui nourrissent l'âme autant que le ventre »
Par Victoria Houssay - 5 sept. 2016
Société

Du 23 au 25 septembre prochain, la Fête de la Gastronomie sera l'occasion de célébrer le patrimoine culinaire français sous toutes ses formes, dans l'Hexagone mais aussi à l'étranger. Le thème choisi, les cuisines populaires, est universel comme nous l'a expliqué Eric Roux, parrain de cette édition et surtout fondateur de l'Observatoire des cuisines populaires. Explications.

Crédits : ©Ludovic Le GuyaderEric Roux, le parrain de cette 7e édition, met les cuisines populaires à l'honneur

Entre manger et se nourrir, il y a une différence qui n'échappe pas aux Français. Pour le rappeler, Eric Roux cite une étude du sociologue Jean-Pierre Poulain : « Les français ne répondent positivement à la question "avez-vous mangé aujourd'hui" que s'ils ont pris le temps de s’asseoir avec leur proches ! Pour eux, avaler un sandwich sur le pouce, ce n'est pas manger ». Entre le sandwich englouti sans plaisir et les grandes occasions, il y a la cuisine du quotidien, celle qui « nourrit l’âme autant que le ventre », d’après Eric Roux.

Il n'y a pas une mais des cuisines populaires !

Dans son Manuel de cuisine populaire (ed. Menu Frétin), Eric Roux prend le lecteur à partie : « Avouez que c'est une chose remarquable que de poser un plat sur la table et de se dire "nous allons nous régaler." Nous régaler du plat et des paroles qu'il fera naître. Vous savez, ce contentement, après la première assiette, quand le corps se relâche un peu ou quand un sourire léger passe sur les visages et où, d'un regard heureux, nous nous disons : "ce n'est pas si compliqué de bien manger."»

Propres à chacun, les cuisines populaires nous concernent tous, et regroupent aussi bien le poulet du dimanche que des recettes régionales, la comfort food (oui, les coquillettes-jambon-beurre) que la restauration collective. Un thème universel et fédérateur pour la Fête de la Gastronomie, qui pourrait paraître élitiste... À tort !

Désacraliser la gastronomie

Le mot gastronomie peut évoquer les étoilés Michelin, les additions astronomiques, les plats aux ingrédients introuvables et aux dressages alambiqués... Cette thématique est, pour Eric Roux, l'occasion de montrer que cuisine populaire et gastronomie ne s'opposent pas.

« Le mot gastronomie est galvaudé, à l'origine, c'est simplement d'apprécier de parler de ce que l'on déguste », rappelle le journaliste. Un plaisir accessible à tous, quels que soient les moyens dont on dispose. Et Eric Roux de préciser : « Les cuisines populaires concernent les amateurs de tables étoilées comme les ouvriers, c'est tout l'enjeu du vivre ensemble. Cuisiner, c'est choisir comment on organise sa vie, faire des choix en matière d'économie ou de distribution ».

Les cuisines populaires sont par ailleurs résolument ancrées dans le présent. Modernes donc, et forcément appelées à évoluer. « La cuisine est le reflet de nos vies : on ne mange pas aujourd'hui comme on mangeait dans les années 1970, dans les années 1950. Dans les années 70, il n'y avait qu'un type de citron, aujourd'hui on trouve des citrons jaunes, verts, mains de bouddha, combawa, de Menton, de Sicile... ». Diverses, universelles, accessibles, gourmandes : autant de raisons de célébrer les cuisines populaires en septembre !

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